Libération :
Libération du port du
vêtement ou plutôt de la contrainte de
porter un costume qui n'a jamais été
et ne peut être qu'un déguisement
hypocrite puisque reportant l'importance sur ce qui
couvre le corps - donc sur l'accessoire - et non
sur le corps lui-même, dont la culture
cependant constitue l'essentiel.
Libération d'une des principales notions sur
les quelles se fondent les idées de "permis"
et de défendu, de "bien" et de "mal" .
Libération de la coquetterie, du conformisme
à un étalon artificiel d'apparence
extérieure qui maintient la
différenciation des classes.
Qu'on s'imagine nu le général,
l'évêque, l'ambassadeur,
l'académicien, le garde-chiourme, le
garde-chasse ? Que resterait-il de leur prestige,
de leur délégation d'autorité
? Les dirigeants le savent bien et ce n'est pas un
de leurs moindre motifs d'hostilité au
nudisme.
Délivrance du préjugé de la
pudeur, qui n'est autre que "la honte de son
corps". Délivrance de l'obsession de
l'obscénité, actuellement
provoquée par la mise à
découvert des parties corporelles que le
tartufisme social prescrit à tenir
cachées - affranchissement des
réserves et des retenues impliquées
par cette idée fixe.
Nous allons plus loin. Nous maintenons, en nous
plaçant au point de vue sociabilité
que la pratique de l'anudation est un facteur de
meilleure camaraderie, de camaraderie moins
étriquée. On ne saurait nier que nous
est une, un camarade moins distant, plus intime,
plus confiant, non seulement celle ou celui qui se
fait connaître à nous sans
arrière-pensée intellectuelle ou
éthique, par exemple, mais encore sans
aucune dissimulation corporelle.
Les détracteurs du nudisme - les moralistes
ou hygiénistes conservateurs d'Etat ou
d'Eglise - prétendent que la vue du nu, que
la fréquentation entre nudistes des deux
sexes exaltent le désir érotique.
Cela n'est pas toujours exact. Cependant,
contrairement à la plupart des
théories gymnistes - chez lesquelles
l'opportunisme ou la crainte des
persécutions est le commencement de la
sagesse, - nous ne le nions pas, mais nous
maintenons que l'exaltation érotique
engendrée par les réalisations
nudistes est pure, naturelle, instinctive et ne
peut être comparée à
l'excitation factice suscitée par le
demi-nu, le déshabillé galant, et
tous les artifices de toilette auxquels a recours
le milieu vêtu, mi-vêtu ou
court-vêtu où nous
évoluons.
E.
Armand
L'Encyclopédie anarchiste
1934
Texte extrait de l'étude
"Communautés, naturiens,
végétariens,
végétaliens,
crudivégétaliens dans le mouvement
anarchiste français" Invariance,
supplément au n° 9 janvier 1994
Retrouvez
la biographie de E. ARMAND sur le site de
"L'Ephéméride Anarchiste" |
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