Le naturisme est une philosophie qui est loin de se
réduire au simple fait de se dénuder, et ne doit pas
être confondu avec le nudisme. Le nudisme, c'est ce que nous
faisons tous les jours sous notre douche! Que ce soit chez soi ou
bien sur une plage déserte (à l'abri des regards), cela
n'engage personne et ne remet rien en cause. Le naturisme, par
contre, pousse la réflexion plus loin, et la pratique du
naturisme et de l'anarchisme ont bien des points communs.
Nous vivons encore sous la coupe d'une morale
judéo-chrétienne dont nous avons bien du mal à
nous défaire. Ceux qui pensent que nous nous sommes
débarrassés de l'Eglise et de ses fanfreluches se
trompent. Pourquoi, en ce début de 21e siècle,
avons-nous encore besoin de nous couvrir le sexe et les seins (pour
les femmes), pour prendre le soleil ? D'où vient cette
survivance grotesque si ce n'est d'une morale chrétienne,
décrétant que le sexe était le diable (sauf pour
procréer!) et que tout ce que nous avions entre les jambes
étaient "sale" ?
Pourquoi nous plions-nous encore aujourd'hui à ce diktat ?
L'exemple de la plage est le plus frappant. Il suffit de
réfléchir trois secondes. On met un maillot ni pour se
réchauffer, ni pour se rafraîchir, mais dans le seul but
de se cacher le sexe. Soit. Un maillot, c'est moche, et quand il
mouillé, c'est long à sécher. On est mal, mais
ce n'est pas grave. C'est une question de respect, entend-ton
parfois. Respect de quoi? Pas du bien-être de l'individu, c'est
certain! De la mode, peut-être, qui a toujours quelques petits
maillots de bain d'hypocrisie à nous vendre. Mais comment se
fait-il, en cette fin de siècle, que nous en soyons encore
là, comme dans une imagerie pudibonde et biblique?
La pudeur, que l'on voudrait nous faire croire naturelle, est
toujours inculquée par l'éducation, la
société, la morale dominante. Il est intéressant
de savoir qu'elle change de forme, cette pudeur, selon les
époques. Montrer ses seins en public était chose
courante au 15e siècle. Mais malheur à celles qui, dans
le même temps, osaient dévoiler la moindre parcelle de
leurs chevilles!
(Lire, à ce propos,
l'excellent livre de Jean-Claude Bologne "Histoire de la
pudeur") .
Beaucoup de
peuples primitifs vivaient
nu.
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Hautement symbolique, ce maillot que l'on jette aux orties n'est pourtant qu'une toute petite partie du naturisme. Le haut de l'iceberg, le plus visible. Car se mettre nu, c'est aussi se mettre à nu, et accepter de redessiner nos relations avec les autres (C'est là la grande différence avec le nudisme, qui n'est qu'une pratique solitaire).
Ceux et celles qui ont déjà pratiqué le naturisme en groupe ont pu le constater. Les relations qui s'établissent entre les personne sont très différentes, basées sur le respect d'autrui, en dehors de toute morale, en dehors de tout regard imposé. Les hommes, par rapport aux femmes, par exemple, perdent beaucoup de leur machisme. C'est dans cette recherche d'une harmonie nouvelle, qui ne dépendrait que de l'être humain -et non des macro-organisations qui voudraient le gouverner et le manipuler comme une marionnette-, que naturisme et anarchisme vont de pair.
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On ne peut libérer une société qu'en se libérant soit-même, physiquement et intellectuellement. Ensuite, il faut tenter d'inventer de nouvelles règles de jeu, tant au niveau de l'organisation de la société qu'au niveau des relations entre les êtres humains.Les anarchistes individualistes du début du XXe siècle l'avaient bien compris, et intégraient le naturisme dans leurs préoccupations. Il est vraiment dommage que ce discours se soit peu à peu effacé, d'antan plus que nous assistons, en ce moment, à un retour en force du puritanisme (conservateur par essence) |
Comment reconnaître un naturiste anarchiste :-) (Dessin d'Eric) |
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Pour vivre nu, comme c'est un délit, il n'y a pas grand
choix. Les naturistes, en France, sont "tolérés" ,
s'ils ne sortent pas d'un cadre établi. En gros, on autorise
cette "perversion", si elle reste bien cachée. Le
problème, et Dominique le soulignait dans l'édito de la
page précédente, est la récupération, une
fois de plus, de certains marchands peu scrupuleux, qui voient dans
le naturisme "touristique" une nouvelle manière de faire du
fric. Mais il existe encore, et heureusement, des espaces de
liberté où le naturisme est respecté et
vécu dans l'intégralité de son sens. Des
campings où les gens ne s'entassent pas ; des espaces de
nature sauvage, une compréhension de l'environnement, la
recherche d'une certaine harmonie entre humains et nature, que ce
soit à la campagne, en montagne ou au bord de mer.
Les naturistes, dans le monde entier, se sont naturellement groupés en fédérations. (Comme quoi, le principe fédératif, cher aux anarchistes...) En France, la F.F.N est une bonne source d'information sur la manière de pratiquer le naturisme. Elle tente de faire évoluer les mentalités sur la question. Elle avait lancé, en 1993, un grand sondage d'opinion sur le sujet, et les résultats étaient, finalement, assez encourageant. Mais la FFN n'est malheureusement pas à l'abri des dérives mercantiles... (voir le coup de gueule de Dominique).© Cathy Ytak, 2000.
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